Photo trouvée sur google images

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3) La vie à Toi-Paradis

C'était un de ces jours de septembre.
<-Ah, ma sœur, l'ouverture de la chasse ne va pas tarder!
<-Berk berk berk....->
<-Tu vas devoir faire attention. J'ai averti tous mes copains chasseurs
   de se tenir loin de "Toi-paradis", car la folle qui l'habite serait bien
   capable de faire du tir aux pigeons sur leur derrière!!!
   mais hélas, je ne connais pas tous les chasseurs du coin.
   Essaie de tenir tes chats enfermés au moins le jour de l'ouverture.
   Pour le reste, j'ai planté un panneau de chasse : ''Danger Battue''
   comme cela, tu devrais être tranquille ->
avait-il dit avec son grand sourire malin !

 

Elle avait eu beau protester qu'elle n'aimait pas ça du tout
qu'on allait croire qu'on entrait chez des assassins.
Il faisait mine de s'offusquer de ces propos calomnieux
en se moquant d'elle …Avec lui, tout tournait au jeu et au rire .
<-Quant aux touristes, ils n'ont pas encore tous regagnés les villes.
    Quelques séniors en camping-car passent encore au bout du chemin,
    mais heureusement j'ai tendu une grosse chaine …
    ça devrait dissuader les curieux d'emprunter le chemin;
    mais fais quand même gaffe.
    Et puis, si tu sors ta voiture, n'oublie pas la chaine!!!->
 et il éclatait encore de rire.
<-Non mais , Petit Con, pour qui tu me prends!!!->

Et la vie s'écoulait ainsi, rien de bien transcendant,
mais du bien-être à tous les instants.
Quelle belle fin de vie, pensait La Jeanne...
N'était-ce pas trop beau ?

                                 *****************************
La première journée de chasse se passa plutôt bien.
Oh, les tirs étaient nombreux mais pas trop près.
Pas de plombs sur les tuiles!
Les chats n'étaient pas tous là, ils menaient leur vie;
mais comme beaucoup étaient sauvages, ils venaient juste manger
et prendre quelques caresses au passage;
les moins farouches se chauffaient au soleil le long du muret .
Aucun n'entrait dans la maison. Jeanne respectait leur liberté.
Si Le Jacquot, n'aimait pas trop les chats,
c'était surtout parce que lui avait des chiens! Trois, de chasse en plus,
habitués à vivre en chenil derrière sa maison.
Les voisins se plaignaient de leurs aboiements pendant ses absences
aussi quelques fois, il les amenait avec lui .
C'était difficile de les faire rester tranquille.
L'appel de la forêt était très fort !

Pendant quelques jours, La jeanne ne vit plus son frère.
Oh! Il l'avait averti qu'ils joueraient les ''prolongations'' entre chasseurs;
Que souvent les soirées ''grillades'' finissaient en beuveries.
<-Mais pas d'inquiétudes disait-il... Ne fais pas ta mère poule!!!->
Heu... non! Mais qu'est ce qu'il lui manquait !
C'est au bout d'une semaine qu'elle l'entendit chanter dans le chemin,
cette belle chanson de Jacques Brel: '' Mathilde ''


'''Mon cœur, mon cœur ne t'emballe pas
Fais comme si tu ne savais pas
Que la Mathilde est revenue
Mon cœur arrête de répéter
Qu'elle est plus belle qu'avant l'été
La Mathilde qui est revenue '''

La Mathilde est revenue
Oh la la... elle se sentie traversée de haut en bas,
par un tremblement glacé et ne put s'empêcher d'avoir
un mauvais pressentiment.
L'entendre chanter ça, ramenait Jeanne quelques années en arrière.
Elle revoyait son frère, moitié mourant, sur un lit d'hôpital,
après l'abandon de cette femme vénale, avec qui,
il avait vécu deux ans de passion intense .
Le Jacquot avait été un chaud lapin (drôle pour un chasseur)
peut-être l'était-il encore ... tout au moins, charmeur, c'est sur !
La jeanne en vint à remonter le temps, à toute vitesse.
Comme elle vous l'a dit,
beaucoup de drames ont parsemé la vie de son frère.
Il s'en est toujours remis assez bien, du moins a-t-il voulu le montrer.
Et puis, il y a eu La Mathilde !!! c'est la dernière qu'on lui connait.
La pire de toutes! Moche, vulgaire, vénale, méchante, et CONNE !!!
L'intelligence au ras des pâquerettes, le rire haut et gras,
les vêtements comme les cheveux collés au corps .
Et pour finir le tableau, en plus , une chasseresse!
C'est dans une battue au sanglier, qu'ils s'étaient rencontrés.
Bref ! Sa seule qualité devait ne pas être visible pour Jeanne,
ni pour les gens de bonne vertu;
Même Jacquot, le laissait entendre dans ses blagues grivoises.
BREF! Vous aurez compris sans peine, que Jeanne ne l'aimait pas!
                                      ************************
C'était après la perte de son emploi, parce qu'il ne savait plus
se lever le matin, que Jacquot voulut continuer à gâter sa Dulcinée,
et ils vécurent largement au-dessus de leurs moyens,
tellement que sa carte bleue attrapa la rougeole!!!
Mathilde, toujours aussi friande de jolies choses, de sorties,
de week-end, etc. etc. faisait son habituel chantage au lit...
et le grand couillon payait sans compter ! ((Contrairement à Jeanne,
il n'avait jamais su compter, ni les sous, ni le temps))
Il ne fallut pas bien longtemps pour que de gros problèmes d'argent
s' invitent dans le couple, et provoquent des disputes énormes!
A force de menacer de le quitter, la Mathilde finit pas partir
avec presque tout le peu qu'il possédait encore!
C'est là que l'armure de son grand benêt de frère
se fendit trop largement.

Certes la Jeanne, n'avez jamais apprécié cette femme,
mais le jour où elle l'a détesté, c'est quand vers les 3 heures du matin,
elle avait été appelée au chevet de son frère mourant,
après sa tentative de suicide,....(loupée, heureusement) !
Il fallut 3 jours d'hôpital et des mois de soutien et d'affection
pour le remettre debout et pour qu'il reprenne sa gaité naturelle …
du moins en apparence.

Quand ils abordaient le sujet, Jacquot disait:
<-Qu'est-ce que j'ai été con !!!->
La Jeanne demandait
<- et si elle revenait, tu ferais quoi?->
<-Mais je ne la vois même pas , ma sœur,
    je passe tout droit comme un prince->

Et il imitait Aldo Macionne dans le film ''plus beau que moi, tu meurs''
et Jeanne se tordait de rire au point d'en avoir mal au ventre!!!
Pourtant, pourtant.....Aujourd'hui elle ne riait pas!


Le drame
Jacquot vient s'asseoir sur la terrasse .
Il avait cet air qu'elle lui connaissait bien.
On aurait dit un petit garçon, penaud d'être pris,
les doigts dans le pot de confiture!

<-Pourquoi tu chantes cette chanson , Jacquot ?->
<-Peut-être pour t'avertir …. une entrée en matière, quoi ->
<-Oh! Jacquot.... ''Elle'' était à l'ouverture, dans ton équipe
    de bras cassés? et elle a chassé le gros gibier,
    le plus couillon de la forêt, c'est ça ?->
<-Ben, elle s'est rappelé que j'avais un beau fusil,
    dit il pour donner le change->
<-Arrête de déconner petit frère , dis à ta vieille renarde....->
<-En fait Jeanne, c'est pire que ce que tu imagines...
    je ne sais même pas si tu vas essayer de me comprendre,
   ni même encore accepter ma présence près de toi ->
<-Tu as décidé de revivre avec Mathilde comme si de rien n'était,
    et tu l'as déjà réinstallée dans ta maison?
    C'est ça que tu es venu me dire, Jacquot ? ->

Il baissait la tête, puis la prenait dans ses mains et soudain,
il éclata en sanglots.
Dans un sursaut, Jeanne se leva pour le prendre dans ses bras,
mais prise d'une vilaine angoisse, elle se laissa retomber
dans le fauteuil et se tut, le laissant seul se calmer .
Elle se souvenait des heures passées à le consoler;
plus on le cajolait, moins il reprenait le dessus.
Il faisait déjà ça quand il était petit garçon.
Il lui fallut dix bonnes minutes avant qu'il la regarde
avec ses yeux rougis par les larmes qu'il essuyait d'un revers de main;
comme toujours, elle lui tendit un mouchoir
dans lequel il souffla si fort, qu'il le déchira sur ses doigts.
La scène, les aurait porté à rire en d'autres circonstances.
<-Bon, Jacquot, tu m'expliques ou pas?
   Tu as fait une bêtise plus grave que de replonger en enfer ? ->

Et il raconta... un débit sans fin, sans vouloir qu'on l'interrompe;
il raconta tout pendant de longues minutes dans les moindres détails.
Comment elle s'était approchée de lui en ondulant de la croupe,
devant tous ses copains, qui, pour la plus part,
connaissaient leur histoire passée, et ne se gênaient pas,
pour échanger des regards narquois.
Certains se tapaient sur le ventre en riant !!!
Tous se séparèrent bientôt, pour commencer la partie de chasse.

Eux, marchaient ensemble le long d'un chemin de bosquets
de brandes sous les grands chênes... quelqu'un de l'extérieur,
les aurait assurément qualifiés ''meilleurs amis du monde''
Elle lui parlait de sa vie d'aujourd'hui, devenue morose
et combien il lui manquait avec sa joie et son humour.
Ah! combien elle regrettait d'avoir ''peut-être'' mal agit…...
Lui, ne disait pas un mot, ne répondait à aucune question.
Son visage restait fermé. Il n'en revenait pas de cette faculté
qu'elle avait à changer l'histoire à son avantage.
Son silence n'interrogeait pas du tout la Mathilde, qui continuait
à lui faire revivre des bons souvenirs, sans jamais évoquer comment
leur idylle avait fini, ni pourquoi elle ne s'était même pas manifestée
lors de son suicide.

<-Qu'est-ce qui s'est passé dans ma tête??? Crois moi Jeanne,
je suis incapable de dire pourquoi soudain je suis devenu fou.
Qu'est-ce qui m'a fait faire une chose pareille...
Tu me connais toi, tu sais que je ne suis pas ce genre de salaud->
Jeanne ouvrait des yeux terrifiés !
<-Mon Dieu Jacquot non! Ne me dis pas que tu lui as tiré dessus?->
<-Non, Jeanne, pas ça heureusement... mais ce n'est pas plus brillant.
    Je l'ai poussé violemment sur la mousse, elle riait aux éclats...
    elle a cru que son charme avait opéré,
    qu'elle m'avait à nouveau pris dans sa toile de veuve noire;
    mais quand je l'ai giflé à plusieurs reprises,
    elle a compris que ça n'avait rien d'une relation amoureuse.
    Elle s'est débattue, elle criait,
    ce qui avait le don d'augmentait ma colère.
    J'étais comme un fou! À cet instant là ,
    je voulais qu'elle paye pour tout le mal qu'elle m'avait fait->
   ET …. <- je l'ai violé, Jeanne, je l'ai violé !!! ->
   <-Et je me suis enfui en courant, comme un lâche que je suis!
       je l'ai laissé là ! C'était hier, et je ne sais rien de la suite.
      Oh Jeanne, hier soir , je me suis saoulé comme autrefois,
      mais je n'ai rien oublié, ce n'était pas un cauchemar,
      c'est la triste vérité ->
Il avait remis sa tête dans ses mains, cachait son visage
pour ne pas voir la stupéfaction et l'horreur dans les yeux
de sa sœur.
A nouveau, il pleurait... tout son corps était secoué
par de gros sanglots.

Toujours silencieuse, Jeanne lui tendit un autre mouchoir.......

                                                                                       A suivre

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