Un dimanche d'hiver à la campagne....
Dans la pénombre de la pièce vide,
elle attend que vienne la nuit pour allumer la lampe.
Assise dans le fauteuil de velours fané, le silence l'étreint...le froid aussi.
Elle passe en revue chaque objet qui lui parle de quelqu'un,
de quelque chose, d'hier.
Elle connaît chaque meuble posé là, inerte,
juste utile aux dépôts de poussière.
Les fleurs séchées, dans le pot ébréché, lui racontent l'automne,
la fin de l'été, l'heure où la maison chantait, se remplissait d'enfants,
des petits et des grands !
C'est un dimanche comme un autre, un dimanche d'hiver à la campagne.
Elle pourrait faire une tarte aux pommes ou aux pruneaux,
cuire une soupe au potiron, un rôti de cochon, mettre du vin dans la carafe,
sortir le pain du torchon.
Elle pourrait mettre des draps dans les lits …elle pourrait, oui, elle pourrait ...
Mais non, voyons, tu divagues...se dit-elle à voix haute.
Personne ne viendra plus, ce soir..... ni demain d'ailleurs.
Au dessus de la table, couverte d’une nappe blanche, brodée de fils de soie,
Elle se laisse emporter par les vapeurs de thé vert et de menthe poivrée,
sorties de la théière.
Son regard s'interroge sur les remous qui s'affolent autour de la petite cuillère.
A quoi bon tourner un sucre imaginaire dans le fond de la tasse brûlante ?
Puis elle lape doucement, par petites gorgées ,
sans pouvoir retenir le goût ou le plaisir, du liquide qui lui brûle les lèvres,
comme le mot de trop !
Elle voudrait crier qu'elle existe encore, être audible par les bien entendants;
mais autour d'elle, le monde est devenu sourd, sourd et aveugle; sans attentions !
Alors elle range le livre qu'elle ne lira pas.se couvre les épaules, et caresse le chat,
La nuit est venue .
Elle allume la lampe et elle ferme les yeux., elle n'est plus vraiment là.