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Deux mêmes grains... dans un même champ,... sortis d'un même trou...

... ont poussé ensemble... ont puisé dans le sol, les mêmes nutriments...

se sont désaltérés dans la même rigole,

Pourtant l'un a devancé l'autre...

Le premier arrivé, s'octroyant "droit d'aînesse, se goinfra de soleil, brilla de sa blondeur,

fit des belles pirouettes, des sourires accrocheurs, des courbettes...tout pour qu'on l'admira...

L'autre, plus lent, n'arriva à germer qu'au prix d'un dur effort, presque à la nuit tombée...

Plus sombre, plus timide, il dut batailler pour être à peine  vu, au sortir du sillon...

mais sans perdre la face, il poussa davantage, plus épais, aussi fort...

Ainsi il dépassa l'aîné, qui se montra jaloux et lui tourna le dos!

S'il eut pu, il aurait pris tout le lopin de terre et gardé pour lui seul, toute la lumière...

Mais l'autre était gentil... et tellement l'admirait, ce bellâtre premier...qu'il n'osât le chasser...

Nés d'un même semis, ils longèrent leur temps, sans jamais se fâcher....

mais sans être trop prés, chacun gardant pour lui, ses voeux et facéties,

voulant rester discret, pour ne pas envahir l'espace réservé...

Avant qu'ils ne soient vieux, juste bien murs et dorés,

Les épis s'envoleront, pulvérisés...par une machine infernale qui viendra les  broyer.

Ne restera plus qu'une poussière de paille... et des grains tomberont dans le sac du meunier,

pour un dernier voyage sous la roue du moulin qui va  réduire en poudre,

l'un et l'autre, sans aucune distinction.

Ils seront mélangés au milieu de mille autres...!  peut-être se chercheront-ils...? s'appelleront-ils...?

Trop tard... perdus par leur orgueil, ils n'ont pas su se dire combien ils s'aimaient bien!!!

Personne ne saurait dire, au moment des tempêtes,  qui de l'un s'accrochait à l'autre....

Les pauvres petits grains, finiront leur course dans le pétrin!!!

Mais pour consolation, l'un et l'autre, laissera de si jolis petits pains.... 

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