Découverte et mystère

Il est 15 heures le lendemain, lorsque je quitte la maison de santé
où j'ai passé une heure avec mon mari;
enfin, avec cet homme que je ne reconnais pas, tant il paraît vieux,
tant il semble perdu dans un monde où lui seul a ses entrées.
Je lui raconte qu'il fait beau, que la brise est légère, que ses canards
de chasse sont heureux dans la mare où l'eau est encore haute,
que Juin sera bientôt là...
Je lui parle du voisin qui lui envoie le bonjour.
Il lève les yeux au ciel comme pour dire qu'il s'en balance.
Pourtant, il l'aimait bien, ce voisin, ils chassaient ensemble parfois.
Je lui demande ce qu'il a mangé ce midi...
un peu comme fait la mère à l'enfant qui rentre de l'école...
sauf que lui, il ne s'en souvient pas!
Je lui ai apporté un magazine de voitures anciennes, sa grande passion,
il le jette parterre avec un méchant regard foudroyant et il se met
à tousser au point que je dois appeler l'infirmière.
Elle me conseille de le laisser maintenant, qu'il doit se reposer.
Je m'exécute les larmes aux bord des yeux...

                                                      **********
Je monte dans ma voiture avec la gorge nouée; mes mains tremblent,
j'agrippe le volant et je démarre lentement.
je roule jusqu'au rond point et là, j'hésite: soit je prends à gauche
pour rentrer chez moi, soit je vire à droite,
je refais un tour de rond point, puis encore un autre...
et l'appel est trop fort, j'accélère fort et je file sur la route des marais.

Quelques kilomètres plus loin, je tourne sur la petite route blanche.
Comme hier, je reproduis les mêmes actions et bientôt,
j'arrive à proximité de la porte de la maison abandonnée.

Alors que je suis à deux pas, la porte s'ouvre toute seule, lentement,
avec un petit couinement comme pour m'accueillir:
je reste clouée sur place !
<-Donnez-vous la peine d'entrer, n'ayez pas peur->

J'entends ou j'imagine? Drôle d'impression !

Je franchis prudemment le seuil, une fenêtre du mur du fond
est grande ouverte, il fait frais et assez clair dans cette grande salle,
laissée hier à sa pénombre.
Personne! Je ne vois personne! D'où est venue cette voix ?
Je devine une petite porte basse dans un renfoncement au fond
de la pièce; j'avance, pas rassurée...
je pousse la porte et là, se trouve une très vieille femme assise
devant une table, recouverte d'une toile cirée usée jusqu'à la trame,
où patiemment, elle écosse des petits pois.
Je suis dans une cuisine à l'ancienne. Les murs sont peints à la chaux,
d'un jaune pisseux; juste un évier en pierre, intégré dans un placard
et une cuisinière en fonte bleue, comme chez ma grand mère,
quand j'avais 10 ans.
Je bégaie un petit:
<-Bonjour Madame... je ne voulais pas vous déranger ->
<- vous ne me dérangez pas, ma petite, au contraire !
    C'est qu'il ne passe plus grand monde par ici.
    Ma maison vous plait? vous voulez l'adopter?
    Elle cherche une bonne âme pour lui redonner vie.
    Elle est un peu morte comme moi, vous voyez...->

<-je la trouve jolie, alors je suis revenue la voir au grand jour.->
<- Revenue, oui; je vous ai vu hier, je savais que vous alliez revenir!->

Ses petits yeux étaient très bleus, perçant comme des aiguilles ;
Tellement ils étaient clairs qu'ils faisaient miroir au rayon de lumière
qui entrait de je ne sais où...
ils me mettaient mal à l'aise …je me dandinais d'un pied sur l'autre.
Comment pouvait-elle savoir que j'allais revenir,
alors que je ne le savais pas moi même!
<- Faites le tour du propriétaire, vous allez être séduite;
     elle a beaucoup de charme ma maison et elle en joue, cette coquine.
     Moi, je suis là depuis si longtemps!
     j'attends depuis une éternité qu'on me remplace.->

Je m'exécute, un peu gênée, mais je suis curieuse, je vous l'ai dit,
et puis, je suis là pour ça ! alors, puisque ça semble lui faire plaisir !
                                                         **********

Je retraverse la grande pièce en me dirigeant vers une porte
qui fait face à la cuisine.
C'est une grande salle vide, qui devait être une chambre,
avec une belle fenêtre. Bizarre! pas de lit, aucune autre porte!
Mais où peut donc dormir la vieille femme ?
La maison doit se composer que de ces trois grandes pièces,
toutes quasiment vides !
Pourtant, si j'en crois les lucarnes du haut de la façade
Il doit y avoir un grenier mais il n'y a pas d'escalier.
Je ressors à l'air libre... Ouf! je me sens oppressée là dedans.

Hier, j'avais aperçu dans la continuité de l'habitat, une espèce
de préau attenant. je m'en approche en me frayant un passage
dans les hautes herbes …je ne suis pas rassurée en pensant
qu'il pourrait y avoir des serpents.

MAIS <.........???......>
Non! Ce n'est pas possible ! Qu'est-ce que c'est que cette embrouille?

 

La mobylette grise

La mobylette grise

Avant d'avancer davantage dans mon récit, Il me faut vous expliquer
quelque chose, sinon, vous ne pourriez pas suivre l'histoire...

Depuis mon adolescence, je fais fréquemment des rêves,
très perturbants, qui me poursuivent souvent dans la journée qui suit
(voire plus longtemps...) Je me suis habituée à rencontrer certaines nuits,
une mobylette grise qui arrive souvent à point nommé pour me tirer
d'un mauvais pas. J'arrive à me sauver d'un grand danger en l'utilisant,
mais d'autres fois, c'est elle qui me met en péril .
Dans un cas comme dans l'autre, le danger est bien présent !
Bref : des cauchemars, qui finissent bien pour la plus part,
mais quelquefois, devant une insoluble situation,
ils m'obligent à me réveiller en vitesse. C'est flippant !!!

Sauf que là... je ne rêve pas !
je reste totalement paralysée sur place ! je n'en crois pas mes yeux !

Inclinée contre le mur de cet abri, en ruine, envahi par les ronces,
une ancienne mobylette grise, toute rutilante, pareille à celle de mes
nuits d'angoisses, et qui n'a pas l'air d'être abandonnée du tout .
Ce n'est quand même pas, la vieille dame de la cuisine, qui s'en sert ?
Il y a longtemps que la pauvre femme doit plutôt se déplacer
avec un déambulateur!!!
Une question s'impose instamment à moi : suis-je en danger???

Je retourne immédiatement dans la cuisine pour essayer d'en savoir
davantage : Plus personne!!!
J'appelle: <-Madame, madame, vous êtes par là ?-> Silence total .
Je la cherche en l'appelant dedans et dehors... Rien.
Pas trace de la mamie, pas plus que des petits pois !
Comment a-t-elle pu disparaître ainsi? Elle s'est littéralement volatilisée.

Je reste une petite demi heure à attendre, assise sur le bloc de pierre.
J'ai beau me torturer les méninges, je ne comprends pas où et
comment, elle a pu disparaitre ainsi ?! je regarde au loin l'estuaire,
toujours aussi paisible, alors que dans ma tête, 
                                      C'est :  ''AVIS DE TEMPÊTE''

                                                                                       

                                                                             A suivre




 

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