La maison abandonnée (4ème)
La maison abandonnée
Chapitre 4
Simon
Je fus sortie de mes pensées par un bruit de moteur
que je reconnaitrais entre mille !!!
Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver Simon,
sur la mobylette grise.
C'était bien celle que j'avais découvert sous l'abri,
la même que celle qui s'invite dans mes cauchemars......
Donc, cet homme était là hier? M'avait-il vu ?
Quelle comédie me jouait-il ?
Je n'avais parlé à personne de mes cauchemars concernant
le même engin, heureusement; Je me dis que j'ai un coup d'avance...
J'ai l'habitude de me parler, ça m'aide à réfléchir.
''''<-Oh la la , Pauline, mais de quel coup est-il question dans ta tête?
Tu as peur? Oui, j'ai peur...
et je le trouve beaucoup moins sympathique ce monsieur.
Je ne sais pas comment réagir?
Dois-je dire que j'ai vu sa mobylette, ou dois-je attendre
de savoir ce qu'il en dira? ''''
Je le rejoins devant la porte qu'il ouvre comme si il était chez lui.
J'hésite à le suivre. Il se retourne et m'invite à entrer..
Il ouvre grand les fenêtres , et appelle: <-Suzanne! Suzanne!>
Je n'en reviens pas; c'est pas possible; il se moque de moi ou quoi?!
Je le regarde juste ce qu'il faut pour ne pas lui faire voir ma peur.
Il rit et ça m'énerve...qu'est-ce que ça m'énerve!!!
Mais calmement, sur un ton amusé, je lui demande si il pense
qu'elle va ''apparaitre''.
Surpris, il s'insurge presque...<-Bien sur, puisque vous l'avez vu,
c'est qu'elle veut bien se montrer à vous!->
<-Bon là, on s'égare, lui dis-je d'un ton agacé...
Que savez vous de plus, peut-être ce qu'elle est devenue,
cette Suzanne? et comment ai-je pu voir son image
et même parler avec elle : c'est une histoire de fous !->
Il prit un air vexé plus que fâché, pour me dire:
<-Alors, nous sommes deux fous ! Vous n'avez pas encore compris,
qu'elle a voulu qu'on se rencontre....->
Et puis il se mit à raconter la suite du récit...
''''Dés que l'enquête sur la disparition de la vieille fut terminée,
il serait venu presque tous les jours dans la maison, car il avait
un carrelet sur l'estuaire et il y pêchait les petites crevettes blanches,
tant appréciées dans la région.
Leur vente lui faisait un complément de revenus.
Longtemps, il ne se passa rien...Puis un jour, quand il avait ouvert
la porte, il y avait une bonne odeur de ragoût de petits pois
qui sortait de la cuisine!
Lui aussi, n'en croyait pas ses narines ni bientôt ses yeux,
quand il découvrit une assiette bien remplie et toute chaude
qui l'attendait...''''
<-Et n'allez pas croire que je faisais un rêve! dit-il presque
furieusement...Je les ai mangé, ces petits pois,
et j'en ai encore l'eau à la bouche!!!>
Et de continuer son récit:
'''''Puis au fil du temps, des nouveaux signes se seraient manifestés .
Des bruits, des portes qui s'ouvrent ou qui se ferment,
des courants d'air qui l'entouraient ou faisaient sauter sa casquette.
Et puis un jour, il l'avait vu....!''''
<-Et oui, Madame, comme vous, exactement comme vous l'avez vu,
ici, dans la cuisine, assise devant ses petits pois…Alors...?->
Je restais muette, ne sachant comment réagir, mais je frissonnais .
Était-il aussi fou que moi ou étions-nous tous les deux
des hypersensibles, capables de ressentir des formes de vies
non reconnues dans notre monde?
Sommes-nous des extralucides ou des illuminés ?
Je pourrais me laisser aller à croire ces foutaises, mais je vous l'ai dit,
je suis cartésienne et je penche plutôt vers une arnaque!!! laquelle?
Pour l'instant : Mystère et boules de gomme!!!
*********************
Rentrée chez moi, je ne trouvais pas le sommeil cette nuit là.
Je répertoriai toutes les situations plausibles et un rien crédible …
Dans quel sac de nœuds étais-je tombée ?
Au petit matin , je n'étais pas plus avancée mais épuisée,
avec une tête horrible . Le bleu cernait mes yeux,
et ce n'était pas du maquillage!!!
J'allais fouiner sur Internet à la recherche d'infos sur Simon.
Rien, ou pas grand chose d'intéressant pour mon affaire.
C'était effectivement un viticulteur, père de Colette
et il vivait seul depuis plus de 30 ans;
il n'avait jamais refait sa vie, après la mort de sa femme.
Quelques histoires de propriétés spoliées, venaient quand même
m'interpeler. Il aurait fait exproprier un voisin de ses terres
sous de faux prétextes, pour s'agrandir.
''"Mais qui n'entend qu'un son de cloche, ne peut pas juger"" !
********************
Ma visite à mon mari, l'après midi, ne me rendit pas plus heureuse!
Je le trouvais presque nu , attaché sur son lit.
Mon sang ne fit qu' un tour et j'appuyai avec rage sur la sonnette
des infirmières. Lui, me regardait complètement hébété,
et ne me reconnaissait pas du tout !
La colère me rendait impatiente et je sortais dans le couloir
pour aller dire ma pensée à ce service "" de tortionnaires"",
quand j'entendis derrière moi, la voix de Mr Simon.
<-Hé ? mais que faites-vous là ??? dis-je sur un ton qui ne
permettrait pas de faux-fuyants... Vous me suivez ou quoi ? ->
<-Tout doux Pauline, je pourrai vous dire la même chose ?!
j'ai déjà appelé les infirmières, dit il posément;
c'est en passant devant cette porte ouverte, que j'ai vu cet homme
en détresse. Je ne pouvais pas savoir que c'était votre mari...->
<-C'est vrai, dis-je en me calmant. Mais avouez que c'est bizarre
de se retrouver là, par ''pur hasard'', non ?->
<-Je suis, hélas, un familier des lieux, dit-il en détournant le regard
vers une soignante qui arrivait, tranquillement comme pas concernée!
Cela eu le don de raviver ma colère, mais je parviens à la contenir,
devant la familiarité de la femme envers Simon.
Mais qui était-il vraiment, ce bonhomme?!
Enfin, elle s'occupa de mon mari et m'expliqua que devant l'intensité
de certaines crises, ils n'avaient pas d'autres solutions.
il leur fallait prendre des mesures de sécurité, pour éviter des blessures
aux malades, ou pire, leur fuite et l'errance qui s'en suivrait.
<-Simon; j'ai très peu de temps, dit-elle, alors je te charge d'informer
ton amie, sur tous les problèmes inhérent à cette maladie .
Tu en sais autant que moi, depuis le temps.... ->
Et elle partit sans se soucier davantage de Paul,
qui me parut plus shooté que d'habitude.
Je rhabillais un peu plus décemment mon pauvre mari
et je restais assise auprès de son lit, sans fixer mon regard nulle part,
mes idées non plus...! C'était un vide sidéral qui m'envahissait .
Simon s'était éclipsé …
C'est en atteignant ma voiture sur le parking que je le vis
qu'il m'attendait.
A suivre