Le temps est compté (4)
Image d'un coin de la forêt domaniale qui me rattache personnellement, à tout jamais, à un être cher.
4) Actes et conséquences
Jacquot dormait encore …
Hier soir, Jeanne l'avait convaincu de dormir ici pour cette nuit.
Il était tombé comme une masse dans le sommeil;
c'est vrai qu'il avait beaucoup pleuré mais aussi beaucoup bu.
Elle, en sœur dévouée, était revenue plusieurs fois ouvrir la porte
de sa chambre, tout doucement, pour s'assurer que tout allait bien.
Elle lui prépara un solide petit déjeuner comme il les aime.
Même dans les pires moments,
il a toujours pris ce repas du matin comme essentiel.
La jeanne sentait ses peurs lui revenir en pleine figure.
Qu'allait-il se passer maintenant?
Mathilde avait dû porté plainte. Peut-être était-il déjà recherché?
La gendarmerie ne devrait pas tarder à venir à Toi-paradis,
tout le monde savait qu'il vient là presque tous les jours.
D'ailleurs, elle se demande pourquoi ils ne sont pas déjà là?
Personne ne penserait une seconde à une fuite; Il irait où?
Enfant du pays, de plus, connu comme le loup blanc, toute sa vie est ici;
il a toujours fait face aux problèmes qui n'ont pas manqué autour de lui.
Il est huit heures; le soleil darde déjà dans un ciel d'azur.
Elle frappe doucement à la porte....
<-J'arrive Jeanne...->
Il a une tête horrible, rougie, gonflée, des orbites presque noirs.
Plus grand chose à voir avec le beau gosse qu'elle connait.
<-Viens déjeuner, petit frère. Faut que tu reprennes des forces
pour affronter ce qui t'attend.
As-tu essayé de téléphoner à Mathilde? ->
<-Heu...pour quoi lui dire? Que je suis un salaud?
Elle s'en est rendue compte, tu ne crois pas ?!->
<-Non Jacquot, pour lui demander pardon dans un premier temps;
Je ne cautionne pas ce que tu as fait, loin de là,
mais peut-être pourriez-vous éviter de vous étriper devant la police,
au moment de votre confrontation->
<-Crois-tu que je vais aller en prison ? Que vas-tu devenir Jeanne ? ->
Elle éclata d'un rire nerveux qui voulait donner le change
mais qui laissa couler deux grosses larmes .
<-Mais enfin Jacquot, t'es fou ! C'est toi qui est dans la panade
et tu t'inquiètes pour mon devenir? Mais pense à toi,
essaie de te comporter en adulte responsable.
Tu as fait une grosse connerie,
mais tu as quelques circonstances atténuantes;
elle t'en a tellement fait voir de toutes les couleurs;
""des vertes et des pas mûres"", comme disait notre père ->
<- Ha ça, tu peux le dire!!! elle a toujours su me mettre dans la merde !->
<-Et tu regrettes sincèrement d'avoir pété les plombs.
Ça jouera en ta faveur->
<- Tu as raison, je vais appeler ''la victime'' ->
Il partit vers le bois et s'adossa contre un pin.
Jeanne attendait en le guettant du coin de l'œil.
Enfin, elle vit qu'il parlait, et elle essayait d'imaginer leur conversation.
Elle savait cette fille capable de tout et elle craignait qu'elle enfonce
son frère autant qu'elle pourrait, si peu qu'il soit condamné
à lui verser une grosse somme .
Jeanne était quasi certaine qu'elle se moquait qu'il fasse de la prison,
ce qu'elle monnayerait, sera un ''dédommagement''.
Mais Jacquot n'avait rien, pas un sou... elle l'avait plumé jusqu'au croupion !
Comment elle, sa sœur si aimante et protectrice, pourrait-elle l'aider ???
Elle n'avait pas grands moyens, et la Mathilde était très gourmande.
Tout ça tournait comme un manège dans ces pensées,
si bien que son corps vacilla si vite qu'elle n'eut que le temps de tomber
dans les bras du fauteuil .
Depuis quelques temps, elle ressentait ce genre de perte d'équilibre.
Presque une heure passa, avant que Jacquot revienne s'asseoir en face d'elle,
qui le questionna du regard, sans oser parler.
<-Tu ne vas pas le croire->!
<-Oh, je m'attends à tout...->
<-Certainement, mais pas à ça!!!
Elle n'a pas porté plainte et ne compte pas le faire ,
du moins, si j'accepte ses conditions, ses quatre volontés....
Cette femme est une vraie dingue!
Elle veut qu'on revive ensemble!->
Jeanne ouvre des yeux incrédules et garde la bouche ouverte.
Elle n'arrive pas à prononcer un seul mot... qui serait une sentence!
Jeanne sait combien son frère est faible sous ses airs de costaud fanfaron ;
elle sait aussi combien il avait été épris de cette femme,
et surtout qu'il n'est pas homme à vivre seul...
C'est pourquoi il est si souvent chez elle.
La solitude des soirées depuis leur rupture lui pesait énormément,
même si il ne le disait pas, et même si il était membre de plusieurs
associations, d'activités-passion-nature, comme les chasseurs;
et pour combler ses nuits, il multipliait ''les plans culs'',
comme il aimait à le dire!
Jeanne voyait sans œillères, l'enfer pour lequel Jacquot
allait s'embarquer si il acceptait ce marché odieux.
La prison quelques années serait moins pire, que l'enfer
à perpète auquel elle voulait le condamner....
<-Tu comptes accepter ce chantage, Jacquot? ->
<-Je ne sais pas Jeanne..... je ne sais pas !->
A suivre