Pascaline (3)

chapitre 3

 

Il y avait déjà deux ans, qu'ils avaient acheté cette toute petite maison sur le Bassin d'Arcachon.
Rien de prétentieux ni d'ostentatoire, juste un petit nid,
avec beaucoup de travaux de rénovation et d'équipements, à prévoir.
Autour, un petit terrain de 1000 M2, boisé de pins et de gros chênes, 
en faisait un bel endroit, où Pascaline saurait bien vite, ajouter sa patte de jardinière .

C'était sa terre à elle, son pays !!!

Elle y avait ses parents, ses frères, et tellement de souvenirs de jeunesse...
Pas tous bons, certes, mais ceux d'une vie où l'amour familial régnait en maître.

Depuis leur mariage, ils venaient aussi en vacances chez des amis et c'était encore
de très bons moments, et de la douceur de vivre.

Bref, Pascaline n'aurait pas voulu d'un autre endroit pour y faire un bébé !

***

La maladie de son époux fut prise en charge par un médecin du CHU de Bordeaux.
Pour l'anecdote, et à la grande surprise de Monsieur, ce médecin était... Africain !!!
Ils eurent vite fait de se raconter des histoires « pays », ce qui instaura entre ces deux là,
confiance et sympathie. (du moins en apparence, car Pascaline n'était pas dupe...
elle savait quel jugement son mari portait sur l'Afrique et son peuple)

Le traitement se faisait en externe.
__ <Ah! ils avaient fait du bon travail, là-bas, disait le docteur>;

Les journées de soins étaient efficaces.
Il avait une résistance incroyable et réagissait formidablement vite aux traitements ;
ça serait long, mais pas autant qu'on aurait pu le craindre.
Il était fatigué bien sur,
mais commençait à entreprendre les plans de rénovation de la maison.

Il lui fallait s'occuper ; cet homme était tout sauf «oisif» 
(ce mot sonnait comme un gros mot dans sa bouche) 
__<pas de ça chez nous, disait-il en riant qu'à moitié.

***

Pascaline aussi était fatiguée, autant que son mari, mais n'en disait rien.
De quoi pouvait-elle se plaindre face à la gravité d'un abcès du poumon ?
Elle n'avait eu qu'un problème de femme et c'était résolu.
Certes, mais elle avait ces coups de blues qu'elle ne racontait qu'à ses parents.

Elle ne perdait rien de son projet.

Dès leur retour, elle aussi s'était mise dans les mains d'une gynéco , qui lui confirma
que tout restait possible, mais que pour mettre toutes les chances de son coté,
il fallait faire au plus vite.
Si ça devait se faire, ça devrait être maintenant !
Oui, sûr et certain ! elle allait essayer de faire un bébé .

***

Petit à petit, leur couple se sentait mieux aussi ; plus de disponibilité,
des rêves plein la tête (même si ce n'était pas souvent les mêmes qu'ils partageaient) 
ils étaient toutefois d'accord pour dire qu'il était temps pour eux de fonder une famille !

Ce but les incitait à redonner à cet endroit, un vrai confort de vie.

Tous leurs amis de partout venaient faire la fête et passer leurs week-end .
(Quand vous avez une maison sur le bassin d'Arcachon, aussi petite soit-elle, 
vous avez beaucoup d'amis … « pour vous aider » )

La maison était toujours pleine ;
Pascaline n'en finissait plus de faire les courses et de cuisiner des plats simples
mais copieux et savoureux, pour de grandes tablées.
Tous buvaient et mangeaient comme si ils avaient labouré des champs avec les bœufs !!!!!!!

Et ça se couchait tard et de partout ;
la maison, l'annexe, même la baignoire avec un oreiller était parfois sollicitée ;
Et ça refaisait le monde, les guitares accompagnaient souvent les fins de soirées,
et il n'était pas rare, qu'en se levant le matin,
Pascaline enjambe des corps dormant à même le carrelage !!!

Sûr ! La vie était belle, jeune, et presque insouciante...

******

Les mois passèrent ainsi entre soins médicaux et travaux de rénovation.
La maison devenait confortable pour qui n'est pas trop exigent,
et c'était le cas de ces deux là.
Enfants, ils avaient connu la misère et des masures quasi insalubres,
sans pour autant en souffrir.

Le chauffage, l'eau courante et encore davantage la salle de bains
faisaient partie du luxe, 
auxquel ils n'auraient su prétendre dans leur enfance.
Alors tout ce confort simple, réalisé de leurs mains, suffirait grandement à leur bébé.

Le jardin aussi devenait agréable et Monsieur, très adroit en tout, fit un joli garage,
avec sur le mur du coté, un barbecue magnifique et un grand cellier, réservés à Madame,
qui s'empressa d'y adosser des rosiers grimpants.

Oui, elle était maintenant, pimpante et guillerette, leur petite maison.
Elle était prête.............. !

 

***

Pascaline se levait aux premières lueurs du jour, alors que Monsieur attendait que le soleil
soit bien haut pour émerger.
Elle adorait le réveil des oiseaux et plus encore l'appel de la forêt environnante .
C'était pour elle un enchantement d'aller courir les bois en cette fin de printemps
où la chaleur et les dernières pluies étaient propices à la pousse des champignons.
Les cèpes et les girolles ne tarderaient pas à sauter dans son panier,
parce qu'elle connaissait tous les indices pour les débusquer de leur cachette.

C'était une passion que son père avait transmis à tous ses enfants, dès leur plus jeune age.

Ce matin là, elle prit sa vieille voiture, et s'enfonça sur les petites routes au milieu des pins.
Elle les connaissait comme sa poche, ces forêts,
avec toutes les clairières, les sentiers humides, les « crastes », ces ruisseaux 
longés de chênes, et c'était au hasard de la rencontre avec le chapeau rond et luisant, 
d'un de ces bolets qu'ils appelaient« cépaces » ou avec un tapis de « roussettes » (les girolles) 
qu'elle en avait fait « SES COINS »qui alimentaient sa passion.

***
Ce qui lui prit, ce jour là ???
 Elle ne saurait vous le dire, ne le sachant pas elle même,
mais rien n'était comme d'habitude. Elle eut envie de courir !
On ne court pas quand on veut trouver des champignons. Son père lui disait toujours :
__ < Passe et repasse, tourne sur toi même parce-que les rayons de soleil cachent
ou éclairent 
d' un aspect différent l'humus sombre ;
__< si tu cours le nez en l'air, tu ne feras pas d'omelette !>

Mais à cet instant, elle n'entendait les conseils de personne...
Elle sautait les fossés, avec une aisance incroyable ; si légère, qu'elle en riait tout fort.
Une vrai gazelle fofolle, un papillon, une sauterelle !!!

Elle pensa qu'une fée ou des elfes s'étaient emparés de son corps,
car il y avait bien longtemps qu'elle n'était plus très sportive ;
Jamais elle ne s'était sentie aussi bien.
Montée sur ressort !

Et si c'était un signe ? Et si c'était aujourd'hui ?!

Elle décida de rentrer mettre toute cette fougue au service de son désir d'enfant .
Depuis leur retour, leur sexualité était un peu triste, réglée par la « courbe des températures »
Pas folichon tout ça !!! c'était presque une obligation de faire l'amour en temps et heure.

Aujourd'hui seule son l'intuition la motivait. 

Être réveillé de cette manière, ne déplut pas à Monsieur...
Il aurait bien aimé ce traitement tous les jours !

***

Une quinzaine de jours plus tard, Pascaline n'avait pas ses règles .
Persuadée d'être enceinte, elle courut chez sa gynéco et lui sortit d'un coup :

__ < Je suis enceinte.

__ < Ouuuiii... ? Et depuis quand ?

__ < Depuis hier !!!!!!!

Passé le rire, l'examen ne démentit rien... ne confirma pas complètement non plus.
Peu importe ; Elle, elle sait !!!
Ils avaient réussi !
Pascaline était enceinte de quelques jours , même si ça restait 
à confirmer
par des prises de sang.

C'est dans l'excitation qu'elle attendit les résultats qui confirmèrent l'état de grossesse .

Les jours qui suivirent, elle colporta la nouvelle aux quatre vents pour informer famille et amis.
Elle et son mari étaient tellement heureux !

***

Hélas, arriva le moment où son époux , guéri au delà de toutes espérances,
dû repartir travailler dans sa jungle africaine.
Loin, bien loin d'elle.... (loin d 'ELLES ...!)
On l'attendait là-bas ; pas question de prendre des risques .
Il fut décidé qu'elle resterait
«  à couver » toute seule dans leur maison
où elle finirait tranquilement l'aménagement de la chambre de « Bébé »

***

Le suivi de ces premiers mois de grossesse fut terriblement contraignant.
Il fallait être très prudent ; la gynéco ne cessait de parler de risques,
multipliait les échographies, demandait qu'on modère nos joies et les projets,
disait qu'on devait attendre raisonnablement le troisième mois et plus,
pour être sûrs que le bébé soit « bien accroché »

Peu importe... Pascaline savait !!!

 

Suite et fin dimanche prochain...

Retour à l'accueil