A l'heure Espagnole

C'était un de ces soirs d'octobre ; Il faisait très bon... finies les chaleurs étouffantes qui nous faisaient sortir trop tard.
Les touristes étaient beaucoup moins nombreux; quelques camping-caristes d'âges mûrs traînaient encore dans la ville d'à côté, mais peu dans son village.

Comme presque tous les soirs, Coralie était assise à une table de la taverne, devant une ardoise bien goûteuse. Entre deux bouchées, elle échangeait quelques banalités avec d'autres habitués ... tous avaient plus ou moins sympathiser ... personne n'est indifférent dans cet endroit.

C'est alors qu'un homme ''très genre tennisman à la retraite'' vient à sa table avec un sourire ravageur; 
-< Vous permettez ? dit-il en tirant déjà sur la chaise en face d'elle, sans attendre qu'elle réponde....
Aie! ça commence mal !  Coralie ne supportait pas cette allure de ""conquérant macho"" ni même cette lèvre légèrement retroussée d'un coté, comme si il allait la croquer toute crue...
Comme elle n'était pas décidée à se laisser importuner, elle fit un geste de grande ampleur comme pour faire signe de prendre place, ce qui heurta son verre dont le liquide se projeta sur le beau pantalon blanc du bellâtre... 
-< Oh que je suis maladroite, dit elle en pouffant de rire!!!
Le prétentieux ne demanda pas son reste et ravala quelques injures qui ne sortirent que de ses yeux!!! 
Tout le bar se tordit de rire... et la félicita de sa façon d'éconduire"" los provocadores""

Pourtant, quelqu'un dans le fond de la salle ne fut pas découragé.
Il sourit en s'approchant de Coralie, se tint un instant debout devant elle, puis dans un Français parfait, propose de s'asseoir un moment à sa table parce qu'il aimerait bien parler de la France avec elle....
Oh ! Coralie d'abord agréablement séduite par les manières de l'individu, se renfrogne un peu en pensant:
-<Non mais, c'est pas vrai... il va pas me la faire celui-là aussi !!!>
Elle hésite entre rester ou fuir, mais décide qu'une conversation en Français ne lui serait pas désagréable du tout. 
-< Voyons ce que ce charmant garçon va raconter, se pense-t-elle en l'observant d'un petit air malicieux.

-<Mes parents ont vécu longtemps dans votre pays, et j'y suis né " au siècle dernier" dit -il avec un sourire "à décrocher la lune"
A bien le regarder, il ne devait pas avoir dépassé de beaucoup la cinquantaine...
-< Vous êtes de quelle région ? demanda-t-il
-< Du Bassin d'Arcachon, et j'y suis née ""au siècle dernier, moi aussi!!! répondit-elle en riant.  
-<Vous n'allez pas me croire, mais si je vous ai abordé c'est parce que vous ne me paraissez pas inconnue... si, si... comme si on s'était rencontré dans notre jeunesse.
-< Heu... Monsieur, votre jeunesse et la mienne ne semble pas nous avoir permis d'avoir jouer aux mêmes billes, dit-elle un peu mordante!
-< Pédro, je m'appelle Pédro...Ne sortez pas encore vos griffes , je ne veux pas vous importuner, juste voir si nous avons des souvenirs en communs.
Coralie se radoucit aussitôt...
-<Coralie, je m'appelle Coralie....
Ils se sourirent, et la soirée s'éternisa dans une agréable ambiance bavarde, comme si ils étaient de vieux amis
.Il était presque minuit lorsqu'ils se quittèrent sur une franche poignée de main, en promettant de se revoir très bientôt.
-< Pas de problèmes, dit Coralie, vous me trouverez souvent ici, c'est un peu ma cantine...
-< Alors, ça va devenir la mienne , répondit Pédro
                              

                                              A suivre

Retour à l'accueil